Pénurie de médecins dans la région de l'Outaouais québécois : solutions, défis et nouvelles initiatives
Tashi Farmilo
La pénurie de médecins de famille est une préoccupation constante pour les habitants de la région de l'Outaouais, au Québec. Avec l'augmentation de la population dans des municipalités comme Aylmer et la demande croissante de professionnels de la santé, nombreux sont ceux qui se demandent vers qui se tourner. Pour mieux comprendre la situation actuelle, j'ai eu l'occasion de faire un zoom téléphonique avec la Dre Emmanuelle Britton, directrice adjointe DSPPC - soutien à la pratique, et le Dr Marcel Guilbault, directeur régional de médecine générale (DRMG).
Le défi le plus important est le recrutement de médecins de famille. Comme l'a souligné le Dr Guilbault, la région ne peut accueillir que 19 nouveaux médecins généralistes cette année, contre 17 l'an dernier. Toutefois, compte tenu des départs à la retraite, le gain net est minime. Une dizaine de médecins devraient prendre leur retraite en 2024, et chacun d'entre eux gère généralement plus d'un millier de patients.
Il y a toutefois une lueur d'espoir. L'accès aux médecins de famille s'est amélioré, malgré la pénurie. Les patients qui n'ont pas de médecin de famille attitré sont orientés vers un groupe spécifique lorsqu'ils ont un problème médical identifié par le Guichet d'accès à la première ligne (GAP). Les patients peuvent appeler le 811, poste 3, et expliquer leur problème de santé à une infirmière, qui décide alors si une visite chez le médecin est nécessaire.
Pour les résidents anglophones, le défi peut sembler encore plus grand. Cependant, comme l'a indiqué le Dr Guilbault, l'accessibilité s'est considérablement améliorée. Lorsque les personnes appellent, elles obtiennent une réponse le jour même et sont souvent transférées à une infirmière dans les minutes qui suivent.
En ce qui concerne le recrutement, le Dr Guilbault a mentionné une entente appelée "7-7-4" avec la Fédération des médecins de famille du Québec (FMOQ). Cet accord permet aux médecins de l'Ontario, en particulier ceux qui vivent près de la frontière ou à Ottawa, de travailler au Québec jusqu'à 90 jours par an sans encourir de pénalités. Cela permet d'alléger le fardeau, même si ce n'est que temporairement.
Par ailleurs, le Dr Britton a souligné l'importance des autres professionnels de la santé dans le système de soins. Face au manque de médecins de famille, des professionnels comme les pharmaciens prennent le relais. Au Québec, ils peuvent prescrire des traitements pour des maladies telles que le zona et aider au sevrage tabagique.
Le Centre d'expertise en gestion des maladies chroniques de l'Outaouais (CEMCO), qui fournit des services spécialisés pour les maladies chroniques, est une autre initiative visant à garantir l'accès aux soins à un plus grand nombre de résidents. Les patients peuvent soit s'adresser eux-mêmes à ce centre, soit y être envoyés par un médecin.
En réponse à la question sur les visites aux urgences, les deux médecins ont reconnu que les habitants se tournent souvent vers les urgences pour des problèmes mineurs en raison du manque de médecins de famille. Ils ont mis l'accent sur diverses campagnes de communication, promouvant d'autres points d'accès et encourageant les habitants à rendre visite aux pharmaciens ou à utiliser le service 811 avant de se rendre aux urgences.
Aux habitants d'Aylmer qui se sentent stressés par la situation, le Dr Britton a donné l'assurance suivante : "Nous sommes tous très conscients et sensibles à la situation et tout le monde est mobilisé pour le recrutement." Elle a souligné les efforts croissants déployés pour rendre la pratique attrayante pour les étudiants en médecine et espère que la tendance universitaire contribuera au recrutement et à la fidélisation à long terme des médecins dans la région.
Les Drs Britton et Guilbault ont tous deux exprimé leur engagement à améliorer la situation et à veiller à ce que les résidents de la région de l'Outaouais aient accès aux soins dont ils ont besoin.
Le défi permanent que représente la pénurie de médecins n'est pas unique à cette région, mais les efforts collectifs de la communauté médicale, les initiatives gouvernementales et le soutien de la communauté offrent l'espoir d'un avenir meilleur.