Les ruines des rapides Deschênes appelées à disparaître du paysage
Sophie Demers
De nombreux résidents d'Aylmer ont été consternés d’apprendre, lors d’une annonce faite le 6 octobre par le ministre responsable de la région de l'Outaouais et ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, que le ministère des Transports du Québec (MTQ) a confirmé son intention de procéder à la démolition des ruines des rapides Deschênes. Propriété du MTQ, les immenses structures de pierre sont tout ce qui reste du premier barrage hydroélectrique de la région, construit dans les années 1800.
En avril dernier, le ministère des Transports a lancé un appel d’offres pour la réalisation de travaux préparatoires en vue d’une éventuelle démolition. Au début du mois de mai, le ministre Lacombe a demandé une nouvelle analyse de la valeur patrimoniale du site qui tiendrait compte des nouveaux critères d’évaluation en place. Au terme de l’évaluation, les experts ont conclu qu’en raison de la dangerosité et de l'inaccessibilité de l'endroit, les ruines devaient être démolies. Pour le ministère, il s’agit d’une question de sécurité.
Caroline Murray, conseillère du district de Deschênes, affirme qu’elle continuera de militer pour la préservation des ruines. Rappelons qu’en juin dernier, elle a déposé une pétition à l’Assemblée nationale demandant au gouvernement du Québec de préserver les vestiges du barrage des rapides Deschênes et d’accorder au site une désignation patrimoniale.
Mme Murray s’est dite « déçue » de l’annonce. « À mes yeux, les arguments invoqués ne sont pas suffisants pour justifier la démolition », a-t-elle indiqué au Bulletin d’Aylmer. « Même si on démolit les ruines, le site comportera toujours des rapides tout aussi dangereux ».
La conseillère a fait savoir qu’elle a écrit au MTQ pour demander que la récente étude du gouvernement soit rendue publique afin de connaître les critères d'évaluation utilisés. Elle souhaite notamment obtenir les chiffres quant au nombre d'incidents graves ayant été répertoriés à cet endroit.
Lynne Rodier, doctorante en muséologie sociale et études du patrimoine régional à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et grande défenseure de la préservation des ruines, remet également en question le bien-fondé de la démolition au nom de la « sécurité ».
« Je suis extrêmement déçue; cette annonce soulève plus de questions que de réponses, car nous n’avons pas les résultats de l’analyse de l'intérêt patrimonial », soutient Mme Rodier. « D’après ce que nous avons compris, peu d’incidents se sont produits à proximité des ruines. Le plus souvent, les incidents liés aux rapides se produisent du côté d’Ottawa. Nous comprenons que c’est dangereux, mais il existe d’autres options pour sécuriser le site au lieu de faire disparaître les ruines. Nous sommes découragés, oui, mais nous poursuivrons les démarches pour sauvegarder les ruines ».
Par ailleurs, lors de la séance du conseil municipal prévue le 17 octobre, Mme Murray tentera de faire adopter une résolution en faveur de la préservation des ruines. La résolution, advenant son adoption, vise à interpeller le gouvernement du Québec quant à la valeur patrimoniale des ruines des rapides Deschênes pour l’histoire d’Aylmer et l’importance de les préserver.
Pour sa part, Mme Rodier encourage les citoyens à écrire au ministre Lacombe ainsi qu’au MTQ afin de poser des questions et d’exprimer leur mécontentement à l'égard de la décision d’aller de l’avant avec la démolition.
Légende photo : Les ruines des rapides Deschênes, destinées à être démolies.
Crédit photo : Sophie Demers
Trad. : MET