Les résidents s'opposent au projet de réaménagement du Manoir Quesnel

Tashi Farmilo

Une bataille sur le sort du Manoir Quesnel, situé au 1175 chemin d'Aylmer, s'est emparée de la communauté, les résidents s'opposant à un projet de démolition qui ouvrirait la voie à une tour résidentielle de 10 étages. Le 11 février, des membres de l'Association des résidents du Parc Champlain et des environs se sont rassemblés dans la Salle des Comités de la Maison du Citoyen pour exhorter le conseil municipal à reconsidérer sa position sur le projet de développement.

Construit en 1952, le Manoir Quesnel était autrefois la pièce maîtresse de la culture équestre d'Aylmer, avec ses écuries et son hippodrome qui attiraient les passionnés de chevaux et les familles à la recherche d'un mode de vie tranquille près du parc de la Gatineau et de la rivière des Outaouais.

Aujourd'hui, EMD-Batimo, le promoteur à l'origine du projet proposé, cherche à remplacer le domaine par plus de 170 logements pour les résidents âgés de 55 ans et plus - une transformation qui, selon de nombreuses personnes, effacerait un élément crucial de l'histoire locale. Les mêmes promoteurs ont construit Lib Aylmer, une résidence pour personnes âgées similaire dans le quartier, et l'ont utilisée comme comparaison avec le nouveau projet.

Il s'agit de protéger notre histoire, notre sens du lieu », a déclaré Francis DesCôteaux, qui vit dans le quartier depuis plus de 50 ans. « Il ne s'agissait pas seulement d'un bâtiment, mais d'un mode de vie. Il a souligné que le manoir était un emblème du passé de la communauté, un lieu où des générations de familles ont construit leur vie, façonnée par son patrimoine rural et équestre unique. Il a rappelé l'époque où Aylmer était connue pour ses espaces verts et ses petites écuries, qui attiraient les familles désireuses de vivre près de la nature. Le manoir est l'un des derniers symboles de cette époque et sa démolition romprait un lien important avec les racines culturelles de la région. Le projet ne représente pas seulement une perte architecturale, mais un effacement des traditions et de l'identité qui ont longtemps défini le quartier.

Les préoccupations environnementales ont encore compliqué le débat. Le site se trouve dans le corridor écologique de Champlain, une zone identifiée pour la conservation. L'un des principaux points de discorde est un cours d'eau traversant la propriété, qui, selon les résidents, apparaît sur une carte de 1933, indiquant son origine naturelle, alors que les promoteurs insistent sur le fait qu'il a été créé par l'homme. L'Association des résidents du Parc Champlain a présenté des documents historiques à l'appui de sa demande, arguant que la présence de ce cours d'eau ajoute à l'importance écologique du site. La consultante en patrimoine Isabelle Bouchard, qui a évalué le projet, a souligné que l'évaluation du promoteur ne tenait pas compte de l'importance culturelle et écologique du site

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En réponse, le président d'EMD-Batimo, Francis Charron, a cherché à rassurer les résidents et les membres du conseil, s'engageant à incorporer des éléments patrimoniaux dans le nouveau développement. L'entreprise a proposé de convertir les écuries restantes du domaine en espace communautaire et de conserver les zones humides existantes. En outre, les promoteurs se sont engagés à intégrer l'environnement naturel dans leurs plans, en veillant à ce que les espaces verts protégés ne soient pas perturbés. Ils ont également fait référence à une peinture d'archives du manoir et du paysage environnant, qu'ils prévoient d'exposer dans le hall d'entrée du nouveau bâtiment en hommage au passé de la région.

Mais les critiques n'ont pas été convaincues. « Ce ne sont pas des gestes symboliques qui sauveront le caractère de ce quartier », a déclaré Alexandre Vézina Prévost. « Nous avons besoin d'un développement réfléchi et responsable qui respecte notre passé.

Pour compliquer encore les choses, le Manoir Quesnel ne figure pas dans l'inventaire patrimonial de 2008 de la ville de Gatineau, un détail technique qui affaiblit les protections juridiques du site. Les représentants de la ville ont reconnu que son absence de la liste posait des problèmes, mais se sont abstenus de prendre une position définitive.

Ce n'est pas la première fois que les habitants d'Aylmer se mobilisent contre un projet de développement à grande échelle. Auparavant, l'opposition locale avait réussi à stopper un projet de 251 unités d'habitation près du boulevard des Allumettières et du chemin Vanier, en invoquant des préoccupations liées à la circulation et à la pression exercée sur les infrastructures. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui espèrent que l'histoire se répétera.

Le conseil municipal de Gatineau, qui reste discret, a reporté sa décision finale au 18 février. La réunion, qui aura lieu au Centre Aydelu, à Aylmer, pourrait constituer une dernière occasion pour les résidents de faire valoir leur point de vue avant qu'un verdict ne soit rendu.

La prochaine réunion au Centre Aydelu, situé au 94, rue du Patrimoine, dans le secteur d'Aylmer, aura lieu le mardi 18 février à 18 h 30. Cette rencontre représente un moment crucial pour la communauté d'exprimer ses préoccupations et de faire pression pour la préservation du Manoir Quesnel. Les résidents, les historiens et les défenseurs de l'environnement sont encouragés à y assister et à faire entendre leur voix.

En plus d'assister à la réunion, les partisans peuvent signer une pétition lancée par Francis DesCôteaux, qui a déjà recueilli des centaines de signatures. La pétition demande au conseil municipal de Gatineau d'arrêter la démolition prévue et de protéger l'importance historique et environnementale du Manoir Quesnel. Grâce au soutien croissant de la communauté, la pétition témoigne de l'engagement collectif en faveur de la préservation du patrimoine. Les personnes qui souhaitent ajouter leur nom à la pétition peuvent le faire en ligne à l'adresse suivante : https://www.change.org/p/non-%C3%A0-la-d%C3%A9molition-du-manoir-quesnel-et-la-construction-d-une-tour-de-10-%C3%A9tages.