Les journaux communautaires du Québec résistent à la tendance nationale
Tashi Farmilo
Le Québec continue de se démarquer dans le monde de la presse écrite au Canada. Selon le rapport « Snapshot 2025 » de Médias d’Info Canada, la province compte 220 titres de journaux et imprime environ 8,7 millions d'exemplaires chaque semaine, soit plus que toute autre province. À l'échelle du pays, près de 24 millions d'exemplaires de journaux sont distribués chaque semaine, pour plus de 800 titres différents.
L'une des principales raisons pour lesquelles le Québec affiche de si bons résultats est la distribution gratuite de nombreux journaux. En effet, au Canada, environ 55 % des journaux sont distribués gratuitement, tandis que 45 % sont vendus. Au Québec, ce modèle gratuit aide les journaux locaux et communautaires à rejoindre leurs lecteurs, que ce soit par la poste ou dans les commerces et les cafés. Il permet de maintenir un lectorat stable, alors que de plus en plus de gens s'informent en ligne ou annulent leur abonnement.
En 2025, le Canada comptait 750 journaux communautaires, publiant 766 éditions différentes chaque semaine. La majorité de ces publications était au format tabloïd, plus pratique et économique à produire que le grand format. Environ 8,5 millions d’exemplaires de journaux communautaires sont imprimés chaque semaine, et presque tous sont distribués gratuitement.
Les journaux québécois ont également tendance à toucher plus de lecteurs par édition que ceux de nombreuses autres régions du pays. Cela démontre que les lecteurs sont toujours très attachés à leurs sources d'information locales, surtout dans les petites villes et les régions bilingues où les médias nationaux ne couvrent pas toujours les enjeux locaux. L’équilibre entre les journaux payants et les journaux gratuits au Québec semble favoriser le maintien de ce lien.
Il existe plusieurs facteurs qui contribuent à la résilience du secteur de la presse écrite au Québec. Tout d’abord, les propriétaires de journaux sont à la fois de grandes entreprises et de petits éditeurs indépendants, ce qui permet aux lecteurs de profiter d’une variété de perspectives et de styles journalistiques. La diversité des communautés francophones, anglophones et bilingues du Québec favorise également l’existence de journaux locaux qui s’adressent directement à leur public.
Mais tout n'est pas rose pour autant. Comme dans le reste du Canada, de nombreux journaux locaux ont fermé leurs portes, en particulier dans les petites communautés. Près des trois quarts des 571 médias locaux ayant fermé entre 2008 et 2025 étaient des journaux communautaires. Le Québec n’a malheureusement pas été épargné par cette tendance inquiétante, et de plus en plus de communautés se retrouvent sans source d’information locale, un phénomène que les chercheurs appellent des « déserts d’information ».
En résumé, les journaux québécois s'en sortent mieux que la plupart des autres. Un tirage élevé, une distribution judicieuse et une propriété locale ont permis à de nombreux journaux de la province de subsister. Cependant, la disparition progressive des salles de rédaction dans les petites villes est un signal d’alarme. Pour que les communautés restent informées, le journalisme communautaire aura besoin du soutien continu des lecteurs, des annonceurs et du gouvernement.
Trad. : MET