Le lotissement du Castel Blanc est approuvé par la Ville; aucun nouveau projet de construction prévu pour l’instant
Greg Newing
La Ville de Gatineau a approuvé une demande de lotissement visant le terrain situé au 43, rue Principale, divisant la maison patrimoniale appelée « Castel Blanc » et le jardin qui lui est adjacent en deux lots distincts. La demande des propriétaires a été recommandée au conseil municipal par le Conseil consultatif de l'urbanisme (CCU) et le Conseil local du patrimoine (CLP) le 26 septembre, et approuvée par le conseil à sa réunion du 18 octobre. La décision a été mise aux voix et quinze membres du conseil ont voté pour, et trois, contre. Deux membres étaient absents lors du vote.
L’approbation de la demande de lotissement signifie que le jardin clôturé adjacent au Castel Blanc sera désormais considéré comme un lot indépendant qui pourra être vendu ou développé par les propriétaires actuels. Le lotissement ne vise pas le bâtiment du Castel Blanc lui-même, qui conserve son statut de maison patrimoniale et continuera d’être protégé en tant que tel. Construite en 1883, la maison a d'abord appartenu au médecin et ancien maire d'Aylmer John-Joseph Edmond Woods et à sa famille. Compte tenu de son état de conservation exceptionnel, de son charme et de son intérêt historique, le Castel Blanc revêt une valeur patrimoniale « supérieure », selon l’inventaire du patrimoine bâti de la Ville.
Le 10 octobre, l’Association du patrimoine d’Aylmer (APA) a fait parvenir au conseil municipal une lettre exprimant des inquiétudes, signée par quatre autres associations de résidents, où elle faisait remarquer que la propriété constitue un ensemble patrimonial dont le jardin fait partie intégrante. La lettre précisait que « maison et jardin forment un tout patrimonial indissociable ayant été conçus l’un pour l’autre; (…) le jardin donne tout son sens à l’architecture de la maison ». L’APA ajoutait que, aux termes de l’article 2 de la Loi sur le patrimoine culturel, le jardin doit être considéré à la fois comme une « composante du patrimoine paysager » et comme un « immeuble patrimonial ». L’APA demandait donc aux membres du conseil de rejeter la demande de lotissement, ou de ne l’autoriser que d’une manière qui « préserve l’intégrité d’un lieu patrimonial de grande valeur » en veillant à ce que le jardin soit protégé et qu’aucune structure ne soit autorisée à le recouvrir.
Bien que le conseil ait reconnu la valeur patrimoniale du bâtiment Castel Blanc dans sa décision, il n'a pas considéré le jardin comme faisant partie du tout patrimonial. Le conseil a fondé sa décision sur le fait que seule la maison, et non son environnement, est explicitement répertoriée comme ayant une valeur patrimoniale dans le dossier de la propriété; il n’a donc vu aucune restriction quant au lotissement du terrain. Toutefois, puisque l’ensemble de la propriété demeure dans la zone patrimoniale de la rue Principale, toute construction future sur le nouveau lot devra d'abord être approuvée par le conseil et respecter rigoureusement les règlements sur le patrimoine de la Ville ainsi que son plan d'implantation et d'intégration architecturale (PIIA). En outre, le conseil a indiqué qu'il veillera à ce que tout projet futur soit conforme au nouveau programme particulier d'urbanisme (PPU) du Vieux-Aylmer, qui est en cours d'élaboration et qui sera adopté au printemps 2023.
En réponse à l'intervention de la vice-présidente de l'APA, Réjeanne Gagnon, lors de la réunion du conseil municipal du 18 octobre, le conseiller du district d'Aylmer, Steven Boivin, a réitéré son appui au lotissement de la propriété, mais a insisté sur l'engagement du conseil à faire respecter les règlements et les normes en matière de patrimoine pour le développement immobilier dans le Vieux-Aylmer. « Cette [décision] ne signifie pas que les futurs projets de construction ne seront pas assujettis aux règlements sur le patrimoine de la Ville. Je peux vous assurer que le conseil sera extrêmement vigilant à l'égard de toute demande future de construction sur ce terrain ».
L'APA maintient sa position selon laquelle le jardin fait partie intégrante de la valeur patrimoniale du 43, rue Principale et que la Ville a l'obligation de le protéger, même après le lotissement du terrain. « Ce dossier est l'un des premiers exemples de la nécessité de préserver les éléments paysagers des sites patrimoniaux qui sont indissociables du patrimoine bâti de la Ville. La Loi sur le patrimoine et le PIIA de la Ville permettent de protéger le patrimoine paysager qui est indissociable d'un bien patrimonial bâti. Nous demandons simplement que les engagements de la Ville soient respectés », a déclaré Ghislain Otis, membre du conseil d'administration de l'APA, en réponse à une demande de commentaires du Bulletin. Il a ajouté que l'Association continuera d’étudier tous les moyens possibles pour protéger le jardin des impacts de tout projet futur.
Le Bulletin a communiqué avec l'un des copropriétaires du 43, rue Principale, Hubert Beauchesne, pour s'enquérir d'éventuels projets. M. Beauchesne a déclaré qu'il n'y a présentement aucun projet de construction visant le terrain ni aucun plan concernant la vente du lot. « À l'heure actuelle, il n'y a aucun projet, pas même hypothétique, qui est proposé par les propriétaires ». Bien que M. Beauchesne ne prévoie pas de construction dans un avenir rapproché, il a déclaré qu'une grande partie de l'espace vert serait préservée advenant un nouveau développement, de façon comparable à d'autres espaces commerciaux de la rue Principale, tel que le Café Mulligan. « Si un jour on y bâtit quelque chose, une grande partie de l'espace vert sera protégée et incluse dans les plans d'une manière qui respecte la valeur patrimoniale du terrain et, bien sûr, le bâtiment lui-même sera érigé selon les normes patrimoniales de la Ville », a-t-il dit. « Il ne s'agira pas d'une tour d'habitation, mais d'un bâtiment qui respectera le cachet et le style du secteur ». Il a précisé que tout projet futur serait un bâtiment commercial accessible au public, comme un restaurant ou un café, avec la possibilité d'unités résidentielles à l'étage supérieur. Il a également expliqué que les propriétaires consulteraient d'abord l'APA et les résidents avant de soumettre tout projet de construction à la Ville. « Nous allons certainement travailler avec l'APA, ce sont les experts dans ce domaine ».
Trad. : MET