L’itinérance à Gatineau : un montant de 5 M$ sera investi en 2025
Sophie Demers
Lors de la deuxième journée d'étude du budget 2025, le mardi 5 novembre, l’administration est venue présenter un bilan des actions entreprises en matière d’itinérance entre 2021 et 2024 ainsi que le plan d’action municipal en itinérance et en développement social proposé pour 2025-2029. Ce dernier prévoit un investissement total de 24 028 235 $ sur cinq ans. Selon les prévisions budgétaires, pour l’année 2025, la Ville prévoit d’investir un montant de 4 997 394 $.
Le plan d’action 2025-2029 se décline en six grandes orientations, lesquelles partent toutes du même principe : mettre le citoyen au cœur des préoccupations.
- La gouvernance : mettre en place une équipe municipale chargée de la question de l’itinérance et du développement social; assurer la coordination du plan d’action en collaboration avec les acteurs municipaux et du milieu. Montant alloué en 2025 : 3 050 000 $.
- Des communications adaptées : améliorer les canaux de communication entre la ville, les citoyens et les organismes du milieu; lutter contre les préjugés et reconnaître la valeur des parcours de vie de chaque citoyen; susciter l’intérêt des citoyens, organismes et promoteurs de projets à développer des initiatives en lien avec les besoins du milieu. Montant alloué en 2025 : 286 500 $.
- La recherche, la concertation et les partenariats : renforcer le travail de concertation et de partenariat entre les services municipaux et ses partenaires communautaires et institutionnels; optimiser le soutien aux organismes via le Cadre de soutien au développement des communautés; favoriser une compréhension commune de l’itinérance et du développement social. Montant alloué en 2025 : 415 000 $.
- Un toit convenable pour tous : accroître la construction de tous types de logement (abordable, de transition, de dépannage et atypique) sur le territoire de la ville de Gatineau; contribuer à l’accès au logement. Montant alloué en 2025 : 1 325 000 $.
- Des interventions adaptées aux réalités : intégrer le principe d’inclusion dans les différentes sphères municipales; améliorer le vivre-ensemble et faciliter la cohabitation dans l’espace public; assurer une réponse adaptée aux réalités des personnes en situation d’itinérance, de précarité et d’exclusion sociale; faciliter l’affiliation et la requalification des citoyens en situation d’itinérance; contribuer à la réponse aux besoins des personnes en situation d’itinérance en matière de gestion du territoire et d’accès aux services de base; clarifier le rôle des différents intervenants dans un contexte de crise. Montant alloué en 2025 : 18 501 735 $.
- La vie de quartier et le développement des communautés : Favoriser le développement des liens entre les associations de quartier, les maisons de quartier et les tables de développement social du territoire; soutenir l’accès citoyen aux infrastructures dans les quartiers et l’émergence de lieux de rassemblements; susciter la participation et l’engagement citoyen afin d’améliorer les conditions de vie et le bien-être de l’ensemble de la population; intégrer l’approche de développement des communautés dans le processus de planification et de développement des infrastructures municipales et des lieux publics; soutenir les efforts des partenaires du milieu en matière de transport collectif et actif; soutenir les initiatives en matière d’environnement favorable aux saines habitudes de vie. Montant alloué en 2025 : 450 000 $.
Plus d’un conseiller a exprimé son mécontentement à l’égard des montants investis. Certains estiment que les investissements proposés font en sorte d’exonérer Québec de ses responsabilités. Bien que les élus s’entendent pour dire que l’itinérance n’est pas du ressort des municipalités, mais qu’il s’agit d’une responsabilité de compétence provinciale dont Québec semble se délester pour le moment, toutes les propositions d’amendement formulées par des conseillers, qu’il s’agisse de réduire les montants projetés ou encore, la durée de l’engagement, ont été rejetées.
« Je ne crois pas que ce qu’on fait présentement est réellement une solution pour les aider à long terme. J’ai appris avec les années que si on veut aider quelqu’un à s’en sortir, il ne faut pas lui donner le poisson; il faut lui donner une canne à pêche et lui montrer à s’en servir », a dit M. Blondin.
Mike Duggan, conseiller du district de Pointe-Gatineau, est d’avis que la durée de l’engagement proposé, soit cinq ans, libère la province de ses responsabilités pendant une période trop longue. Il a suggéré de ramener l’horizon du plan de cinq à un ou deux ans.
« Si nous n’en prenons pas la responsabilité, qui le fera? », s’est interrogé Daniel Champagne, conseiller du district du Versant et président du comité choc en logement. « Nous allons probablement nous retrouver avec des situations bien pires au cours des prochaines années ».
Steve Moran, président du comité exécutif, commissaire à la lutte à l'itinérance et conseiller du district de Hull–Wright, a appuyé les propos de son collègue, disant : « Les sommes que nous avons allouées ne permettront pas de répondre à tous les besoins sur le terrain. On fait de notre mieux en fonction de notre capacité budgétaire. Si on ne budgète pas ces sommes, on va finir par les dépenser quand même ailleurs ».
Trad. : MET