John Egan, baron du bois
Les origines de Hull et d’Aylmer sont inséparables des débuts de l’industrie du bois « carré ». Il s’agit, en fait, de l’équarrissage des grands pins de notre région, flottés sur l’Outaouais et sur le fleuve Saint-Laurent, jusqu’à Québec, en partance pour la Grande-Bretagne. Cet important commerce doit son existence à Napoléon 1er, l’Empereur des Français, dont le « Blocus continental » avait contraint l’Angleterre à l’adoption de tarifs protecteurs musclés pour rentabiliser l’exportation du bois produit par les forestiers canadiens.
Ce grand commerce transatlantique allait sauver la petite colonie de Philemon Wright, installée depuis 1800 dans le canton de Hull. C’est lui qui fut le premier, en 1806, à descendre un grand radeau de bois « carré », le « Columbo », jusqu’à Québec. Son succès entraîna les entrepreneurs forestiers de l’Outaouais à suivre son exemple; ce fut la ruée vers l’or vert. Des fortunes colossales furent réalisées et des faillites retentissantes enregistrées. C’est ainsi que John Egan, le premier maire du village d’Aylmer, allait bâtir sa fortune aux côtés de forestiers comme Joseph-Ignace Aumond, James Skeed, Henry LeMesurier et Ruggles Wright tout en jetant les bases du village d’Eganville sur la rive ontarienne de la rivière des Outaouais. Il s’inspire de son ami Ruggles Wright, dont le premier glissoir, construit à la Chaudière en 1829, permettait de flotter des cages entières de bois équarri en aval des chutes qui bloquaient la descente des radeaux. Egan allait faire bâtir des barrages et des glissoirs du même genre sur la rivière Bonnechere, à la chute des Chats et sur la rivière Quyon entre autres, là ou il fit construire une imposante scierie. Quoi qu’il en soit, à son décès, malgré l’étonnante réussite de son entreprise, il ne laisse à ses héritiers qu’une somme de £ 5000 environ.
Montréal, 10 juillet 2022.
Pierre Louis Lapointe, Ph.D.
Historien