État du réseau routier : la situation n’est pas près de s’améliorer
Taylor Clark
De nouvelles données tirées d’une auscultation de l’ensemble du réseau routier municipal réalisée en 2023 ont permis de brosser un portrait actualisé de l’état du réseau routier, lequel a été présenté aux élus lors de la séance du comité plénier du 21 mai. La détérioration rapide du réseau routier découle essentiellement du sous-financement pour sa réfection dans le passé. Il semble que peu importe les sommes investies pour remédier à la situation, l'état de la chaussée continuera vraisemblablement de se dégrader.
« Il n’y a pas suffisamment d’argent qui a été mis dans notre réseau routier, ce qui fait qu’on se retrouve avec une dégradation beaucoup plus rapide de nos routes par rapport à ce que ça aurait pu être », d’expliquer Mario Aubé, conseiller de Masson-Angers, en mêlée de presse. « Même si des investissements supplémentaires avaient été faits, encore à ce jour, nous n’aurions pas pu rattraper le retard accumulé ».
Le réseau routier est un actif municipal majeur, dont la valeur est estimée à 1,9 G$. Selon les principaux résultats de l’auscultation 2023, 550 km de rues (ou 40 % du réseau) sont en deçà du niveau de service souhaité. Chaque année, environ 20 km additionnels s’ajoutent aux tronçons se situant sous les niveaux de service. En outre, 370 km de rues (ou 27 % du réseau) sont en fin de cycle de vie, une valeur qui a presque doublé depuis 2015.
Malgré une certaine stabilisation de l’état de la chaussée entre 2020 et 2023, due principalement aux interventions par le Service des travaux publics sur les tronçons présentant des grappes de nids-de-poule, lesquelles ont contribué à améliorer la situation à court terme, ces interventions ne régleront pas à elles seules la situation à moyen et à long terme.
Des budgets additionnels sont requis et certains ont déjà été adoptés par le conseil municipal, notamment une enveloppe supplémentaire de 24 M$, à raison de 6 M$ par année entre 2022 et 2025, et reconduite jusqu’en 2028. De plus, une enveloppe ponctuelle additionnelle de 27,4 M$ a été votée comprenant des montants annuels de 7,4 M$, 10 M$ et 10 M$ en 2023, 2024 et 2025. Toutefois, l’effet des investissements additionnels de 24 M$ et 27,4 M$ ne sera pas connu avant la prochaine auscultation des chaussées, prévue en 2026.
Au cours des trois dernières années, près de 30 km de travaux liés à la réhabilitation du réseau routier ont été réalisés en moyenne chaque année. Les enveloppes de bonification adoptées devraient permettre de réaliser pour 2024-2025-2026 environ 40 km additionnels de réhabilitation (13 km par année).
Afin d’assurer un maintien de l’état actuel de la chaussée, on estime le besoin des interventions annuelles à environ 50 km sur le réseau routier. Toutefois, afin d’assurer un rattrapage – amélioration pour atteindre les niveaux de service fixés – des interventions annuelles de l’ordre de 10 à 20 km additionnels seraient nécessaires, en sus des 50 km requis pour le maintien, selon la période de rattrapage choisie (allant de 25 à 50 ans).
« Juste pour maintenir en bon état nos infrastructures routières actuelles, il faudrait investir 80 millions de dollars par année. Et si on voulait les améliorer, il faudrait investir 110 millions de dollars par année pendant 30 ans », d’expliquer M. Aubé. « C’est pratiquement impossible pour une ville d’investir autant, mais il faut prendre conscience que nous devrons quand même en mettre un peu plus ». Selon la Ville, ces travaux contribueront à la stabilisation partielle de la dégradation du réseau.
De 2027 à 2029, à défaut de reconduire les enveloppes de bonification et compte tenu de l’inflation, les interventions réalisées se situeront sous la moyenne des dernières années et à moins de 50 % de la cible pour le maintien du niveau de service.
« C’est clair qu’il y aura des choix difficiles à faire », a prévenu Daniel Champagne. « On se rend compte que les budgets nécessaires font en sorte qu’il nous en coûte maintenant 45 % de plus que ce que ça coûtait en 2019. C’est donc dire que toutes les sommes que nous investissons actuellement non seulement n'augmentent pas nécessairement le nombre de kilomètres d'asphalte, mais ne garantissent même pas que nous serons en mesure d’assurer l'entretien de nos infrastructures ».
Étant donné que l’état du réseau routier constitue une priorité pour les citoyens, M. Champagne estime que la situation est d’autant plus préoccupante, laissant présager des décisions difficiles pour le conseil municipal lorsque le moment sera venu d’établir les priorités dans le cadre du prochain exercice budgétaire.
Légende photo : Rue locale en très mauvais état avec une cote PCI (Pavement Condition Index) de 10.
Crédit photo : Capture d’écran de la présentation « État du réseau routier – Auscultation 2023 » faite au comité plénier
Trad. : MET