Campement Guertin : bilan des opérations du groupe Devcore
Tashi Farmilo
Le groupe Devcore a tenu une conférence de presse à la fin janvier pour faire une mise à jour sur les opérations du campement Guertin, qui a accueilli ses premiers résidents le 18 décembre dernier.
Le campement accueille un flux régulier de personnes qui arrivent et repartent selon leurs besoins. En date de la conférence de presse, 49 personnes occupaient les 48 tentes chauffées du campement, à l’abri des intempéries hivernales. Pour y avoir droit, les gens doivent passer un test de dépistage et s'engager à ne pas consommer de drogues, d'alcool ou de tabac à l'intérieur de la tente.
« La stabilité d’un campement permet d’établir un lien de confiance, mais également l’avancement de démarches concrètes », affirme Nancy Martineau, directrice des projets humanitaires chez Devcore. Diverses formes d’aide sont offertes aux résidents, par exemple, un accompagnement dans les démarches liées à l’obtention d’une carte d’assurance-maladie, l’inscription à l’aide sociale ou la production d’une déclaration de revenus. Cela permet aux personnes itinérantes d’intégrer le système et de bénéficier de plans d’intervention personnalisés.
Par ailleurs, les intervenants sur le terrain ont observé une nette diminution de consommation de drogues et d’incidents violents sur le site de Guertin et dans ses environs, ce qui serait dû en bonne partie au « code de vie » rattaché au campement.
En plus du bilan, Devcore en a profité pour dénoncer vivement l’abandon du projet du bloc sanitaire. En effet, Devcore avait promis de rendre disponible pour les résidents du campement un bloc sanitaire avec douches et buanderie dans un bâtiment vacant situé tout près, au 117 rue Carillon. Toutefois, selon l’Office d’habitation de l’Outaouais (OHO), le bâtiment ne répond pas aux normes en matière de sécurité incendie. La clientèle visée n’a donc jamais eu accès aux installations promises.
« C’est à n’y rien comprendre », déplore Mme Martineau, affirmant que toutes les vérifications requises ont pourtant été effectuées et qu’une visite des lieux a même été faite avec des représentants de l’OHO et deux préventionnistes de la Ville de Gatineau sans que rien ne soit signalé.
Cette impasse a privé les personnes itinérantes d'un accès pratique à des installations sanitaires, les obligeant à se rendre à pied à un kilomètre du campement pour se doucher. Des solutions de rechange ont été proposées, mais aucune n’a été retenue. Devcore avait notamment suggéré de rénover un bâtiment de la rue Morin pour le convertir en bloc sanitaire comme celui prévu initialement sur la rue Carillon, mais l’idée a été abandonnée après que le bâtiment visé a été condamné en raison de son état de décrépitude. Une autre option envisagée concernant l’installation d’une roulotte munie de six douches a également dû être éliminée en raison d’enjeux liés au Code du bâtiment, entre autres.
« Nous restons déterminés à rendre les douches et la buanderie accessibles et invitons tous les intervenants clés à la table pour trouver des solutions. Mais chose certaine, l’abandon du projet n’est pas une option quand la dignité des personnes est en jeu », a déclaré Jean-Pierre Poulin, président du groupe Devcore.
Légende photo : Le bâtiment vacant de la rue Morin que le groupe Devcore souhaitait convertir en bloc sanitaire pour la clientèle du campement Guertin a été condamné en raison de son état de décrépitude.
Crédit photo : Colin Clarke
Trad. : MET