Budget provincial 2024-2025 : Gatineau et l'Outaouais restent sur leur faim
Taylor Clark
La Ville de Gatineau et la région de l’Outaouais ont l’impression d’avoir été reléguées aux oubliettes dans le budget déficitaire de 11 milliards de dollars déposé par le ministre des Finances, Éric Girard, le 12 mars.
« Il avait été reconnu que l’Outaouais avait du rattrapage à faire depuis 2019. Mais là, on est à l’heure du souper, et honnêtement, on est restés sur notre faim », a dit le président du comité exécutif, Mario Aubé, lors d’un point de presse tenu peu après le dépôt du budget provincial.
Le ministre Girard a décrit le budget 2024-2025 du gouvernement du Québec comme le résultat d’un exercice d’équilibre entre les grandes ambitions socio-économiques du Québec et le maintien d’un cadre financier responsable, qui s’inscrit dans un contexte économique tendu.
« Ce déficit est tributaire d’un contexte économique et climatique difficile, mais il est également nécessaire pour améliorer, dès maintenant, les services à la population. Il est nécessaire, et il est gérable », a dit M. Girard dans son discours sur le budget.
Le ministre des Finances a annoncé une somme additionnelle de près de 5 milliards de dollars sur six ans pour renforcer les services en santé et services sociaux, en éducation et en enseignement supérieur, ce qui ne correspond pas aux demandes formulées par l'ancienne mairesse de Gatineau, France Bélisle.
Dans la liste des demandes présentées à Québec par la Ville de Gatineau dans le cadre des consultations pré-budgétaires, le logement et l’itinérance arrivaient en tête de liste, suivis du transport collectif, de l'aménagement du territoire, du développement économique et des infrastructures culturelles.
« Les besoins, il y en a beaucoup. Mais je pense que l’un des grands besoins, vous l’avez vu, est en itinérance; on est pris avec cette situation-la comme municipalité. Ça relève de la compétence de Québec, mais en même temps, on ne peut pas laisser aller les choses », a indiqué M. Aubé.
Selon le président du comité exécutif, la Ville a été laissée à elle-même face au problème de l’itinérance. « On a dû se retrousser les manches comme municipalité avant l’arrivée de l’hiver », a dit M. Aubé, faisant référence à l’installation de 48 tentes chauffées dans le stationnement de l’aréna Robert-Guertin.
« Nous en faisons plus avec les moyens dont nous disposons. Ce que je dirais, c’est que ce budget est assez beige », a dit M. Aubé.
Dans un communiqué conjoint, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre de Commerce de Gatineau ont qualifié le budget de « déception pour le milieu économique », constatant à regret l’absence de plusieurs mesures structurantes pour aider concrètement l’économie, voire des reculs dans certains cas.
« Avec des prévisions de croissances faibles de 0,6 % pour la prochaine année et 1,6 % l’année suivante, le gouvernement aurait eu avantage à aider davantage les entreprises québécoises pour stimuler la croissance économique », a écrit Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.
Selon le directeur général de la Chambre de commerce de Gatineau, Étienne Fredette, cela est particulièrement vrai pour les petites et moyennes entreprises, confrontées à une période d’incertitude économique et à un contexte inflationniste.
« Après tout, les entreprises du Québec occupent un rôle majeur pour générer une croissance durable et développer des projets publics et privés, qui nous permettront de financer notre progrès social. Malheureusement, c’est une occasion manquée aujourd’hui », d’ajouter M. Fredette.
Le Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec (RCRCQ) a constaté que les nouvelles mesures annoncées dans le nouveau budget ne parviennent pas à maintenir les investissements du gouvernement du Québec en culture faits en 2023-2024.
Les crédits de transfert du ministère de la Culture et des Communications sont passés de 837,2 M$ à 814,5 M$ (une diminution de 22,7 M$) et le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec est passé de 193,5 M$ à 171,8 M$ (une diminution de 21,7 M$) malgré l'annonce d'une nouvelle mesure de 4,8 M$ pour appuyer les organismes culturels. Ces investissements sont inférieurs aux besoins exprimés par le milieu culturel, qui évolue dans un contexte difficile.
« Comme ville, on veut se développer. On veut créer de la richesse. On veut que ça avance », a dit M. Aubé. « J’ai bien regardé le budget dans la dernière heure, mais je ne trouve rien de très concret de ce côté-là pour notre ville ».
Légende photo : Le budget 2024-2025 du gouvernement du Québec présenté par le ministre des Finances, Éric Girard, a laissé Gatineau et l’Outaouais sur leur faim.
Crédit photo : Compte X d’Éric Girard
Trad. : MET